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Jean Guichard, the lighthouse photographer

(Graphic Art Chiara Ricci)
(Graphic Art Chiara Ricci)

La rubrique online “Piazza Navona” a le plaisir et la fierté d’héberger et de présenter à ses lecteurs le photographe français Jean Guichard, connu pour la série d’images dédiée aux phares en tempête qui lui a valu en 1990 un deuxième place au prestigieux World Press Photo dans la section “Nature”.

Jean Guichard est né à Paris le 28 avril 1952. Après son engagement près la Marine Militaire, il s’est consacré, à partir de 1977, au photojournalisme pour l’agence Sygma. Nombreuses sont les personnalités de la culture et du sport décrites par le photographe: Jacques Chirac, André Giraud et François Mitterrand… parues dans des magazines prestigieux tels que Paris Match, Time, Figaro – Magazine. En 1989, avec un groupe de photographes, il créera l’agence GLMR, qui restera en activité jusqu’en 1995, date à laquelle Guichard deviendra directeur de l’Agence Générale d’Image.

Jean Guichard
Jean Guichard

Mais maintenant, nous laissons Jean Guichard nous parler de sa photographie!

Bonne lecture!

  • Quand est né votre intérêt pour la photographie?

Depuis le lycée je m’intéresse à la photographie, mais je n’avais pas de matériel, donc je ne produisait très peu de chose, j’ai commencé à apprendre à développer mes négatifs noir et blanc.

Photo de Jean Guichard (Courtesie de Jean Guichard)
Photo de Jean Guichard (Courtoisie de Jean Guichard)
  • Quand avez vous pris vos premières photos?

J’ai effectué mon service militaire sur un bateau de la Marine Nationale qui effectuait des missions d’assistance à la grande pêche dans le grand nord, St Jean-de terre-neuve, baie du st Laurent, Labrador, Groenland, Islande, Norvège, et jusqu’au Spitsberg et en Finlande. J’ai de bons souvenirs des photos des falaises du Groenland qui se reflétait comme dans un miroir dans les eaux tranquilles des baies. C’est au Groenland que j’ai acheté mon premier Nikon.

Photo de Jean Guichard (Courtesie de Jean Guichard)
Photo de Jean Guichard (Courtoisie de Jean Guichard)
  • Quand avez-vous décidé de consacrer votre photographie à la mer?

Après cette expérience maritime et étant Breton, je me suis toujours intéressé à la mer. Quand j’ai rejoins l’agence de presse Sygma en 1979, une de mes premières mission fut de suivre la construction d’un hydrofoil par un célèbre marin du nom de Tabarly. Après l’agence m’a confié tous les reportages concernant les courses de voile. Cette fréquentation régulière de la mer m’a fait m’interroger sur les phares, bâtiments qui, à l’époque , intéressaient pas beaucoup les journalistes.

Phare du Créac'h (Courtesie de Jean Guichard)
Phare du Créac’h (Courtoisie de Jean Guichard)

En 1988 on commençait en France à parler de l’automatisation des phares, et de la suppression du métier de gardien de phare, j’ai donc décidé de faire un travail de mémoire sur ce sujet.

C’est dans ce cadre qu’en 1989 j’ai réalisé la célèbre photographie du phare de la Jument situé à proximité de l’île d’Ouessant, personne ne se doutait à l’époque de la vie difficile que menaient les gardiens de phares lors des tempêtes. Cette photo a fait le tour du monde, et a été diffusée à plus d’un million d’exemplaires. Elle a aussi été récompensée d’un World Press.

Phare de La Jument, au large de l'île d'Ouessant en mer d'Iroise. (Courtoise de Jean Guichard)
Phare de La Jument, au large de l’île d’Ouessant en mer d’Iroise. (Courtoisie de Jean Guichard)
  • Quelles sont les difficultés à photographier la mer et les phares?

Il est difficile de faire des photos dans l‘environnement maritime, le froid, le vent, les embruns, compliquent terriblement la prise de vue. En ce qui concerne mes photos de phares dans les tempêtes, je les réalise en hélicoptère, car évidemment, dans les lieux que je fréquente, par gros temps, il n’est pas question de faire autrement. Je travaille avec des pilotes expérimentés qui me font voler parfois dans le creux des vagues, ces vagues sont parfois au-dessus de nous.

Phare de La Jument, au large de l'île d'Ouessant en mer d'Iroise. (Courtoisie de Jean Guichard)
Phare de La Jument, au large de l’île d’Ouessant en mer d’Iroise. (Courtoisie de Jean Guichard)

Ce qui explique les résultats spectaculaires que j’obtiens. Évidemment je travaille avec la porte ouverte en m’appuyant sur le patin extérieur de la machine, vous imaginez bien que dans cette position dans les tempêtes, il fait très froid, le yeux pleurent, il est difficile de viser et de faire le point. Évidemment si l’hélicoptère tombe dans ces endroits, aucun sauvetage n’est a espérer.

L’autre difficulté consiste à bien étudier la météorologie, un vol d’hélicoptère est très couteux, et il faut prendre la bonne décision.

Phare du Four (Courtoisie de Jean Guichard)
Phare du Four (Courtoisie de Jean Guichard)
  • Quelles sont vos photos préférées et quelles sont les conditions météorologiques dans lesquelles vous préférez travailler?

En tant que «document » la photo de la Jument est évidemment m’a préférée, mais en tant « qu’oeuvre artistique » j’aime beaucoup mes photographies du phare du Créac’h à Ouessant (je dis toujours aux journalistes que la pointe de Pern à Ouessant est le plus bel endroit du monde) et de l’ensemble des phares de la mer d’Iroise (ex) au plan artistique ma préférence va vers des lumières de ce que l’on appelle des « ciels de traine» après le passage des dépressions, de gros nuages sombres laissent passer de formidables «trous» de lumière, j’affectionne particulièrement le moments ou le soleil éclaire violemment les vagues et que le ciel derrière est presque noir. Il y aussi ces moments avant le coucher du soleil, dans ces ciels de tempête torturés ou la lumière se dispute avec les nuages et nous offre une palette infinie de tons, cela m’évoque les peinture de Turner ou de Monet.

Phare du Four (Courtoisie de Jean Guichard)
Phare du Four (Courtoisie de Jean Guichard)
  • Quelle lumière préférez-vous utiliser pour vos photos?

Comme je viens de le dire plus haut, dans le genre « artistique » sans lumière, il n’y a pas d’image, il m’arrive de faire des images par temps gris, à ce moment là je travaille les explosions de vagues, ou des plans de la structure des phares, mais ce que je préfère évidemment, ce sont les jeux de lumière subtiles que nous offres la Bretagne et ses tempêtes.

Phare du Four (Courtoisie de Jean Guichard)
Phare du Four (Courtoisie de Jean Guichard)
  • Comment naissent vos idées pour prendre une photo?

Mes idées viennent de mon cerveau je pense (joke). Mon métier de photojournaliste m’a conduit a travailler les sujets «d’actualité» qui s’imposait à tous le monde. En ce qui concerne les phares, ma démarche était de nature patrimoniale, conserver pour les générations futures la mémoire visuelle de métiers disparus. Plus généralement j’aime faire découvrir aux gens des univers auxquels ils n’ont pas accès.

Phare du Four (Courtoisie de Jean Guichard)
Phare du Four (Courtoisie de Jean Guichard)
  • Quel est le message et le sens de votre photographie?

Il est bien prétentieux de vouloir adresser un «message», je ne suis ni un politique ni un philosophe, mais je peux me permettre un conseil : celui d’être vigilant sur la conservation du patrimoine qui nous entoure, on a vu récemment que même une pizza est un élément du patrimoine.

Les Italiens comme les Français ont une richesse architecturale énorme très difficile à maintenir en bon état, que les autorités s’en occupent, ou qu’ils aident les riches propriétaires à s’en charger.

Phare du Créac'h (Courtoisie de Jean Guichard)
Phare du Créac’h (Courtoisie de Jean Guichard)

On dit que Versailles était une folie, c’est pourtant une folie bien rentable. nos phares Bretons ne servent plus autant qu’avant avec l’avènement des technologies GPS mais ils attirent de nombreux touristes, c’est leur nouvelle vie, est-ce que l’on doit détruire le Colisée sous le prétexte qu’il n’y a plus de « jeux du cirque ».

Le message des phares s’est aussi de faire voir de quoi est capable l’homme dans ses bons moments, au début du 19 ème siècle, il n’y avait pratiquement pas de phares, et de nombreux marins périssait en mer, l’effort colossal qui a été produit lors de ce siècle pour construire ces aides à la navigation est exemplaire.

Phare du Créac'h (Courtoisie de Jean Guichard)
Phare du Créac’h (Courtoisie de Jean Guichard)
  • Quelle a été votre photo la plus difficile à prendre?

La plus difficile photo est celle que je n’ai pas faite de moi courant sous les obus à Beyrouth en 1982.

  • Qu’est-ce que c’est la photographie pour vous?

La photographie est un media formidable pour la transmission de l’expérience humaine. C’est aussi un moyen artistique économiquement accessible à tous et donc très démocratique. Cette démocratisation s’accompagne hélas de tentative artistique douteuses qui me laisse parfois perplexe, les «sommités culturelles » accordent trop souvent de l’importance à ce qui n’en a pas, par snobisme je suppose. Mes photos sont à la fois complexes et simples, en tous cas compréhensibles par tous, elle atteignent leur objectif en provoquant une émotion artistique à qui les contemple, cela me va bien. Un galeriste m’a dit un jour que mes photos étaient trop belle pour lui, il est vrai que ça n’est pas mon monde, je le lui laisse, l’histoire fera le tri.

La Jument (Courtoisie de Jean Guichard)
La Jument (Courtoisie de Jean Guichard)
  • Quelle sera votre prochaine photo?

Je ne fais plus beaucoup de photographies, en ce moment je travaille sur une réedition d’un livre (en italien « Fari » qui est distribué en italie par l’Editeur l’Ippocampo) je souhaite y ajouter des phares du Portugal et d’Espagne. J’ai passé ma vie à faire le tour de la planète, maintenant, mon travaille sur les phares occupera paisiblement mes vieux jours.

"Fari", libro fotografico di Jean Guichard (Ippocampo Edizioni
“Fari” livre de Jean Guichard (Ippocampo Edizioni)

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